A l’assaut des 35 heures et autre proposition du Président:
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A l’assaut des 35 heures et autre proposition du Président:
- Spoiler:
- Autre proposition du Président : l’indexation des loyers sur l’inflation.
GRÉGOIRE BISEAU, SONYA FAURE, TONINO SERAFINI et FRANÇOIS WENZ-DUMAS
QUOTIDIEN : vendredi 30 novembre 2007
Le grand concours Lépine sur le pouvoir d’achat lancé par la majorité depuis plusieurs jours a fini par accoucher de mesures, finalement attendues.
Toutes ont un point commun : elles ne coûtent rien ou quasiment rien aux finances de l’Etat.
Revue de détail.
Rachat des RTT
«Il y a des quantités de salariés qui accumulent les RTT.
Je propose la monétisation des RTT.»
Plutôt que d’abroger purement et simplement les 35 heures, Nicolas Sarkozy préfère continuer à les vider de leur contenu.
«Il n’est pas question pour moi de supprimer les 35 heures», a-t-il assuré : «Il ne s’agit pas de revenir sur un acquis social, mais de permettre de travailler plus.»
La mesure, qui concernera aussi les fonctionnaires, est apparemment simple : il suffira «que tous les salariés qui se mettent d’accord avec leur chef d’entreprise puissent transformer les RTT en argent».
Sa mise en œuvre risque cependant d’être difficile.
Il faudra un accord majoritaire dans l’entreprise.
Or, celui-ci risque de se heurter à l’opposition des syndicats, mais aussi à la méfiance des employeurs, qui utilisent souvent les RTT pour imposer une flexibilité annuelle à leurs salariés.
Et cela, sans avoir à débourser d’argent.
Logement
«Je demande que l’indexation des loyers se fasse sur l’indice des prix à la consommation.»
Sur les loyers, Nicolas Sarkozy a fait sienne, hier, une demande du PS et d’associations de consommateurs qui exigeaient un alignement de la hausse des loyers sur l’inflation pour mettre fin à une dérive.
Entre 1998 et 2006, les loyers ont augmenté de 37,7 %, contre une inflation de 15,6 %.
Et cette tendance s’est poursuivie cette année.
L’indice de révision des loyers (IRL), référence légale pour les augmentations annuelles, prend (en partie) en compte la hausse des «coûts de la construction».
Et comme les matériaux servant au bâtiment (fer, cuivre, aluminium…) flambent, l’IRL galope aussi, plombant le pouvoir d’achat des locataires. Cette mesure bénéficiera aux locataires en place.
En revanche, les bailleurs resteront libres de fixer les loyers à l’occasion d’un changement de locataire.
Nicolas Sarkozy a aussi annoncé son intention de ramener à un mois de loyer (contre deux actuellement) le montant du dépôt de garantie.
Et de supprimer le principe d’une caution apportée par un tiers, pour le remplacer par un «système de mutualisation».
Allégements de charges
«Là où il n’y a pas de négociation salariale, il n’y aura plus d’allégements de charges.»
Cette idée de conditionner les quelque vingt milliard d’exonérations accordées aux entreprises aux négociations menées dans le cadre des conventions collectives avait été dévoilée par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, dès mercredi.
Au grand dam des petits patrons de la CGPME, qui avaient aussitôt protesté contre une éventualité qui reviendrait selon eux à «mettre les entreprises sous surveillance».
Dans certaines branches, comme l’hôtellerie-restauration, les grilles de salaires n’ont pas été réévaluées depuis plusieurs années.
Si elle est mise à exécution, la conditionnalité des aides peut avoir à moyen terme un double effet positif : sur le pouvoir d’achat et sur les comptes publics.
Participation et intéressement
«Je veux débloquer les fonds de participation.»
C’est une vieille lune des gouvernements de droite (la dernière loi sur le sujet date du 30 décembre 2006) : permettre d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés en exonérant les entreprises de poser la question des salaires.
Nicolas Sarkozy veut permettre aux salariés de débloquer plus tôt leur épargne (la participation est aujourd’hui bloquée pendant un minimum de cinq ans) et d’en modifier le plafond.
Aujourd’hui, sur les 8,4 millions de salariés qui bénéficient d’un mécanisme d’épargne salariale, plus de 90 % travaillent dans une entreprise de plus de 50 salariés.
Logique: les entreprises de moins de 50 salariés ne sont pas tenues d’offrir ce type de dispositif. Or elles concentrent près de 42% des salariés du secteur marchand.
Pour celles-ci, Sarkozy veut «que dans les entreprises qui donnent une prime à leur salarié, celle-ci puisse être défiscalisée des cotisations sociales».
Travail du dimanche
«Je remettrai sur la table la question du travail du dimanche.»
Nicolas Sarkozy entend élargir les possibilités de travailler le dimanche, si les salariés sont «volontaires» et «payés le double».
Encadré par la loi du 13 juillet 1906, le travail du dimanche fait déjà l’objet de multiples dérogations et de contentieux judiciaires dans plusieurs zones commerciales.
On sait bien que dans le commerce et, surtout, dans les PME, le volontariat est une notion toute relative.
Si certains sont effectivement volontaires, c’est parce que leur faible salaire ne leur permet pas de faire face au coût de la vie.
Là encore, Sarkozy évite aux entreprises d’avoir à poser la question de la revalorisation des bas salaires.
Aujourd’hui, plus de six millions de personnes travaillent le dimanche.
Grande distribution
«Aller plus loin pour obtenir une baisse des prix.»
Alors que la loi pour le développement de la concurrence au service du consommateur, défendue par Luc Chatel, le secrétaire d’Etat à la Consommation, a été votée dans la nuit de mardi à mercredi, Sarkozy veut déjà «aller plus loin».
Le texte prévoit d’autoriser les hypers à déduire du prix d’achat les fameuses «marges arrières», ces sommes payées par les industriels pour la promotion de leurs produits.
Comment aller plus loin ?
Le gouvernement travaille sur deux pistes : réformer la loi Raffarin sur l’urbanisme commercial, pour permettre une concurrence accrue entre hypers, et assouplir les conditions de négociation entre hypers et industriels.
Ce qui fait hurler ces derniers.
http://www.liberation.fr/actualite/politiques/294880.FR.php
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Re: A l’assaut des 35 heures et autre proposition du Président:
Pouvoir d'achat: ce n’est pas la Saint-Nicolas
«Inquiétudes».
Même si le Président s’en défend, l’ambition est de faire ce que demandent avec insistance les élus de sa majorité : «Faire sauter le verrou des 35 heures.» Et ce n’est pas tout. Comme son Premier ministre, François Fillon, Nicolas Sarkozy veut que l’année 2008 soit celle de la réforme du droit du travail. Il faut «donner plus de flexibilité aux entreprises», changer ce droit qui est paradoxalement «le plus protecteur» et pourtant incapable, selon le chef de l’Etat, d’apaiser «les inquiétudes» des salariés.
- Spoiler:
- Nicolas Sarkozy, jeudi soir. Reuters.
Le Président annonce des mesures tout en reconnaissant qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat pour aider les ménages.
ALAIN AUFFRAY
QUOTIDIEN : vendredi 30 novembre 2007
Une heure ou presque d’entretien. Avec à la clé une demi-douzaine d’annonces (lire ci-contre). Et un aveu de taille sur «l’absence d’argent dans les caisses» de l’Etat.
Hier soir sur TF1 et France 2, lors d’une intervention très attendue sur la question du pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français, Nicolas Sarkozy n’a pas, comme le fit François Fillon, dit qu’il se trouvait à la tête d’un Etat «en faillite», mais il a prévenu : «Les Français ne s’attendent pas à ce que je distribue des cadeaux de Père Noël.»
A défaut, le chef de l’Etat a donc préféré démarrer son entretien en jouant au père Fouettard qui n’a peur ni des «voyous» ni des grands mots. Tandis que la République prendra «le temps qu’il faut pour retrouver un par un» ceux qui, à Villiers-le-Bel, ont tiré sur les policiers (lire page 16), le chef de l’Etat a annoncé la convocation imminente d’une conférence sociale «révolutionnaire». Son objet : convenir avec les partenaires sociaux d’un agenda pour les réformes de 2008. L’objectif principal est «d’élargir les possibilités de travailler». De tenir, en d’autres termes, la principale promesse de campagne du candidat : «Travailler plus pour gagner plus.» Ce grand rendez-vous autour de «l’agenda social» est annoncé pour mi-décembre.
«Inquiétudes».
Même si le Président s’en défend, l’ambition est de faire ce que demandent avec insistance les élus de sa majorité : «Faire sauter le verrou des 35 heures.» Et ce n’est pas tout. Comme son Premier ministre, François Fillon, Nicolas Sarkozy veut que l’année 2008 soit celle de la réforme du droit du travail. Il faut «donner plus de flexibilité aux entreprises», changer ce droit qui est paradoxalement «le plus protecteur» et pourtant incapable, selon le chef de l’Etat, d’apaiser «les inquiétudes» des salariés.
- Spoiler:
Et quand on lui demande dans quel délai ces mesures censées améliorer sensiblement le pouvoir d’achat des ménages feront sentir leurs effets, Nicolas Sarkozy martèle sa conviction qu’il importe avant tout de montrer qu’il s’«attaque vraiment aux problèmes». «Pour les résultats, on verra !»
Pour le reste, il a suggéré qu’il n’y avait aucune contradiction à la tête de l’exécutif : «Le gouvernement, c’est une équipe, et le chef, ce n’est pas celui qui se met derrière et qui laisse les autres prendre des coups.» Allusion limpide à son prédécesseur, Jacques Chirac. Interrogé sur la mise en examen pour détournement de fonds de ce dernier, Sarkozy a eu ces mots très durs : l’ex-président est présumé innocent «comme n’importe quel justiciable». «Pour le reste je n’ai pas de commentaires à faire… si ce n’est qu’il est toujours dommage que la justice vienne si tard.»
«Sentiments». Entonnant une fois de plus son grand air de la rupture, celui du président «qui ne reste pas enfermé dans son palais», il a fait l’éloge de sa méthode. A la fois «arbitre et moteur du changement», il veut faire «pleinement» le travail pour lequel il a été élu, sans être «avare de ses sentiments». C’est pourquoi il continuera à recevoir les victimes : les parents des deux adolescents tués à Villiers-le-Bel mercredi et, hier, ceux de la jeune femme poignardée dans le RER D. Et s’il est allé au-devant des cheminots, ce «qu’aucun président» n’avait fait avant lui, c’était pour leur dire qu’il ne voulait pas «les humilier».
Les Français ne lui en ont pas été reconnaissants : à en croire l’enquête publiée hier par TNS Sofres réalisée après les grèves et avant les émeutes de Villiers-le-Bel, la cote de confiance du Président serait passée pour la première fois sous la barre des 50 %. Et c’est aussi la première fois, ceci expliquant cela, que les sondés placent la hausse des prix devant le chômage en tête de leurs préoccupations.
A l’assaut des 35 heures
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