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Interview de J-C Mailly parue dans Les Échos du 9 mai

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Message  David ROUSSET Mar 22 Mai - 13:39

Les Echos: Nicolas Sarkozy a été confortablement élu. N’allez-vous pas avoir du mal à peser sur ses projets de réforme?

Jean-Claude Mailly: Je note que, aussitôt élu, Nicolas Sarkozy a eu un premier discours rassembleur, ce qui est logique. Mais c’est aux actes qu’on le jugera. Il doit avoir conscience que si le prochain gouvernement veut passer en force cet été sur des sujets comme le service minimum, il y aura un effet boomerang. Qu’il n’oublie pas que le conflit sur le CPE a suivi les mois de surdité du gouvernement Villepin. Attention, nous ne menaçons pas d’un troisième tour social. À FO, nous sommes républicains et démocrates.
Mais les attentes sociales se sont exprimées très fortement pendant la campagne électorale et portent sur des questions qui doivent se négocier, comme l’impose la loi de modernisation du dialogue social de février dernier.
D’autant que le score de Nicolas Sarkozy n’est pas un blanc-seing pour appliquer chacune de ses promesses. Les citoyens ont voté massivement, ce qui lave l’affront du 21 avril 2002, mais une bonne partie a choisi en se focalisant sur quelques points particuliers, et non à partir d’une analyse globale des programmes.


Les Echos: Vous avez évoqué le service minimum. Êtes-vous prêt à le négocier?

J.-C. Mailly: Nous avons déjà fait savoir à Nicolas Sarkozy qu’il n’est pas question pour nous de négocier un accord interprofessionnel sur le sujet. Le service minimum dans les transports publics, c’est la remise en question du droit de grève. Sur le fond, il y a d’autres solutions. Je pense à l’alarme sociale mise en place à la RATP, qui permet d’éviter les conflits. Sur la forme, c’est une question qui doit se traiter entreprise par entreprise. Quant au projet du candidat Sarkozy d’imposer un référendum au bout de huit jours de grève, est-il encore d’actualité? Je note avec satisfaction qu’il en a beaucoup moins parlé à la fin de la campagne qu’au début.


Les Echos: Nicolas Sarkozy s’est engagé à défiscaliser les heures supplémentaires par une loi présentée dès ce mois-ci en Conseil des ministres. Êtes-vous prêt à discuter des modalités d’application?

J.-C. Mailly: Cette mesure pose des problèmes de fond. Les employeurs risquent de faire travailler davantage leurs salariés plutôt que d’embaucher, ce qui serait un partage du travail à l’envers. En outre, les exonérations envisagées devront être compensées intégralement à la Sécurité sociale, ce qui, malheureusement, n’est jamais le cas. Enfin, les salariés n’ont jamais pu choisir leur durée de travail. Ceux qui refusent les heures supplémentaires peuvent être sanctionnés. Je ne vois pas comment on pourrait discuter des modalités d’un éventuel volontariat.


Les Echos: Que proposez-vous?

J.-C. Mailly: Si on veut vraiment appliquer la règle du «travailler plus pour gagner plus», il faut autoriser les salariés à temps partiel subi à passer à temps plein, et remettre en cause le système de leurs heures complémentaires: aujourd’hui, les heures faites en plus ne sont bonifiées qu’à partir d’une durée de 10% supérieure à ce que prévoit le contrat de travail. Nous demandons également un coup de pouce au SMIC au 1er juillet. Nicolas Sarkozy fait une erreur en l’excluant. Ce geste devrait s’accompagner d’une modulation des exonérations de charges en fonction des négociations sur les minima conventionnels dans les branches.


Les Echos: Quel bilan d’étape faites-vous de la «délibération sociale» menée par les partenaires sociaux sur l’emploi?

J.-C. Mailly: Pour l’instant, nous en sommes au stade du constat. Nous allons essayer de négocier, mais il est évident que cela sera tendu sur la question du contrat de travail. J’ai une inquiétude forte quant à l’attitude du MEDEF. Le patronat veut-il aller vers un compromis social ou simplement accroître la déréglementation et la libéralisation? J’ai trouvé la déclaration de Laurence Parisot un peu trop enthousiaste au soir de l’élection. Il ne faudrait pas que le MEDEF joue l’échec de la négociation, en refusant tout accord acceptable, pour que des mesures comme le contrat unique soient appliquées directement par le gouvernement.


Les Echos: François Fillon demande aux syndicats de «réfléchir à leur rénovation» et appelle à la constitution d’un pôle réformiste…

J.-C. Mailly: Il ne revient pas à un responsable politique de donner des conseils sur la structuration du champ syndical. L’idée de pôle réformiste ne tient pas la route: il ne peut pas et il ne doit pas y avoir de pôle réformiste d’un côté et contestataire de l’autre. FO est les deux. Nous sommes réformistes au sens où pour nous la pratique contractuelle est un élément clé et contestataires au sens où, quand nous ne sommes pas d’accord, nous sommes capables de mobiliser.


Les Echos: Le chef de l’État s’est engagé à réformer la représentativité syndicale en mesurant l’influence de chaque organisation lors d’élections professionnelles. La méthode est-elle la bonne?

J.-C. Mailly: Ce dossier, c’est le bal des hypocrites. Tout le monde comprend qu’en fonction des critères d’audience retenus, on accordera la représentativité à plus ou moins de syndicats. L’élection ne peut donc être qu’un critère parmi d’autres. Et la réforme ne peut pas être imposée aux partenaires sociaux sans avoir fait l’objet d’une négociation interprofessionnelle. Si elle n’aboutissait pas, ce serait au Parlement de prendre ses responsabilités. Mais nous demandons l’ouverture d’une négociation. J’ajoute que si la réforme s’impose aux syndicats, elle devra également valoir pour les organisations patronales.


Les Echos: Approuvez-vous le projet de grand ministère de l’Économie et de l’Emploi?

J.-C. Mailly: Oui, si cela permet de donner une coloration sociale à Bercy. Mais ce projet comporte aussi des dangers, surtout si, à côté, est constitué un ministère des Comptes publics. Cela favoriserait la fusion des comptes sociaux avec ceux de l’État. En mélangeant les impôts et les cotisations sociales, on risque de casser définitivement la conception de la Sécurité sociale et de mettre un peu plus en cause sa gestion paritaire. D’autant que, dans le même temps, Nicolas Sarkozy veut fusionner l’Unedic et l’ANPE, ce qui impliquerait une gestion tripartite de l’assurance-chômage. Or, à chaque fois que les partenaires sociaux ont dû accepter le tripartisme, c’est l’État qui a pris la main. Le paritarisme est un facteur de responsabilisation et de négociation. Le remettre en cause, c’est condamner les syndicats à adopter des positions purement contestataires, voire à se politiser.
«LE SCORE DE SARKOZY N’EST PAS UN BLANC-SEING POUR APPLIQUER CHACUNE DE SES PROMESSES»


Les Echos: Qu’attendez-vous du nouveau président sur Airbus et GDF-Suez?

J.-C. Mailly: GDF doit rester public. FO reste farouchement opposée à sa fusion avec Suez, et je note que Nicolas Sarkozy ne s’est pas montré très chaud pour ce scénario pendant la campagne. Concernant Airbus, nous allons lui rappeler ses engagements. Il faut revoir le plan Power 8. Nous serons également attentifs à ce que la loi interdisant les parachutes dorés soit bien mise en œuvre.

Propos recueillis par Leïla de Comarmond, Étienne Lefebvre et Lucie Robequain.
David ROUSSET
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