L'EDITO DES CASINOS
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Les casinos Partouche n’ont plus la baraka

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Les casinos Partouche n’ont plus la baraka Empty Les casinos Partouche n’ont plus la baraka

Message  edito Jeu 4 Oct - 21:12

Les casinos Partouche n’ont plus la baraka


Des établissements vieillissants, des clients de plus en plus rares,
des frais d’exploitation trop lourds… Rien ne va plus chez le roi du jackpot.


Ce jour de juillet dernier, le roi du tapis vert a sorti le grand jeu.
Tentures blanches, fleurs à profusion, menus trois étoiles et
service première classe…
Pendant deux jours, les centaines d’invités d’Isidore Partouche en
ont eu plein les yeux dans le parc du casino de Divonne-les-
Bains (Ain).
Comme il ne s’en trouvait pas dans les environs,
le patriarche (76 ans) a même fait ériger sur place une synagogue,
avec rideaux de velours et rouleaux de la Torah.
Un peu cher peut-être.
Mais il fallait bien cela pour fêter dignement le mariage de son petit-neveu
Numa.
Et démontrer à la face du monde qu’en dépit des racontars son groupe de casinos,
le deuxième du pays derrière Barrière, ne se portait pas si mal que cela.
Hélas ! une fois les cotillons remisés, les Partouche se sont retrouvés avec la gueule de bois.
Car, du côté de leurs bandits manchots, l’ambiance n’est plus à la fête.
Les recettes de jeux (ce qui reste après avoir versé les gains aux joueurs) ont chuté de
6% au premier semestre, à 406 millions d’euros.
La nouvelle obligation légale de présenter ses papiers à l’entrée a contribué
à ce mauvais résultat.
Mais elle n’explique pas tout.
Près d’un casino maison sur cinq est déficitaire, selon les derniers comptes
publiés.
A Nice, par exemple, les frais de fonctionnement dépassent 15 millions d’euros
quand le chiffre d’affaires plafonne à 11 millions.
Pour couronner le tout, le groupe, pénalisé par une dette de 367 millions
d’euros, s’est fait souffler la concession des maisons de jeu de Lille et Toulouse
La boutade d’Isidore Partouche – «si vous voulez gagner au casino, achetez-en un»
– sonne de plus en plus faux

Les fauteuils décrépits
et les spots criards
ont fait fuir la clientèle.


Ce fils d’épicier à l’inépuisable bagout, débarqué d’Algérie en 1962, semblait pourtant avoir trouvé la martingale.
Après plusieurs échecs dans les boîtes de nuit, il a lancé son premier cercle de jeux en 1973, à Saint-Amand-les-Eaux (Nord).
Le succès n’a pas tardé.
De Berck à La Ciotat, Partouche a ouvert l’univers feutré des salles de roulette à une clientèle populaire, acceptant les touristes en short quand Barrière leur demandait d’aller se rhabiller. Insatiable, «M’sieur Isidore» s’est mis à avaler un par un les établissements concurrents.
Si bien que, lorsqu’il a enfin passé la main à son fils Patrick, en 2005, le groupe en possédait 58.

Les membres de la famille
trustent presque tous
les postes de direction


Trop, sans doute.
Car, en consacrant tous ses moyens à grossir telle la grenouille de la
fable, la société a négligé la tenue de ses vieux établissements.
Au Touquet, dans le Pas-de- Calais, le contraste est flagrant entre la décrépitude des fauteuils du Partouche et le faste du Barrière voisin.
Résultat, une machine à sous rapporte 200 euros par jour au premier contre 300 au second.
«Ce n’est pas parce qu’on s’adresse à des gens modestes qu’on doit mal les traiter», s’agace un salarié.
A l’autre bout de l’Hexagone, près de Nice, l’établissement de Beaulieu-sur-Mer souffre lui aussi d’abandon.
Les joueurs se marchent sur les pieds dans des locaux exigus éclairés par des spots criards.
«C’est devenu un vrai tripot», peste un croupier de la maison, désormais centième casino du pays alors qu’il en était le deuxième dans les années 1980.
Partouche promet de rénover La Ciotat, La Grande-Motte et Bandol.
Mais il faudra des années pour rattraper le retard.

Si la société n’a pas trouvé les moyens d’investir, c’est qu’elle a laissé déraper les dépenses de fonctionnement.
Ainsi les frais de personnel on t’ils bondi de 34 à 41% du chiffre d’affaires depuis 2000.
«On pourrait économiser facilement 3 millions d’euros en supprimant les postes inutiles»,
évalue un ancien de la maison, en pointant du doigt certains cadres, visiblement peu débordés.
En particulier des cousins Partouche, qui squattent de nombreux postes de direction et n’ont pas tous été choisis pour leur compétence…
Autre dérive, la pub. Patrick Partouche s’est offert au printemps dernier, pour 2,8 millions d’euros, une campagne télé avec son copain Eric Cantona.
«Notre notoriété est passée de 16 à 28%», claironne le patron.
Oui, mais pour quel bénéfice ? Les joueurs choisissent un casino pour son standing et son emplacement, pas pour son enseigne.
«Seule la promotion locale est efficace», assure un ancien.
Les dirigeants ont aussi commis une série d’erreurs stratégiques.
Ainsi, au Palm Beach de Cannes, rouvert en 2002. Patrick a d’abord mis le paquet pour attirer les milliardaires. «Il avançait des sommes faramineuses à n’importe qui», se souvient un croupier.
Las ! face à l’explosion des impayés (8 millions d’euros en 2003), le patron
a brusquement viré de bord l’année suivante, supprimant tous les délais de paiement et refusant les chèques étrangers.
Une aubaine pour les tapis du concurrent, le casino Barrière-Les Princes, qui ont récupéré les mises des gros clients de la Croisette.
En quatre ans, le Palm Beach est passé de 21 à 12 millions d’euros de recettes et il a perdu 29 millions.

Au-delà des chiffres, c’est le style même de Patrick Partouche
qui concentre les critiques.


Il est vrai que ce champion de poker ne fait pas toujours dans la dentelle.
Les syndicats n’en reviennent pas de l’avoir vu débarquer en Ferrari à une négociation salariale.
Pas plus qu’ils n’ont oublié ses menaces de licenciement contre les croupiers eng rève le 31 décembre 2006.
Ses coups de gueule répétés contre l’Etat ou les municipalités finissent, eux aussi, par lasser.

«Je ne veux plus avoir affaire à lui», déclare un élu d’une grande ville du Sud-Est.
Adepte du passage en force, Patrick Partouche a même été condamné en mars
dernier – il a fait appel – à un an de prison avec sursis pour avoir prêté son nom à un site de jeu sur Internet interdit en France.

Isidore observe son fils avec philosophie.

«Comme on dit en Algérie, même un cafard est une gazelle aux yeux de sa mère.»
Ladite gazelle mise beaucoup sur la probable légalisation des casinos en ligne.
Mais il n’est pas dit que cela suffise à relancer le business.
Voilà pourquoi, malgré ses démentis, la famille semble prête à quitter le navire.
Cet hiver, elle a failli le vendre au promoteur Michel Ohayon et aurait étudié l’offre d’un casinotier américain en juin.

«Nous traversons une mer agitée, donc nous mettons la petite voile et suivons notre cap prudemment», assure Patrick.

Son père, qui s’est offert l’an passé un yacht Benetti de 35 mètres, ne commente pas la manœuvre.


Le groupe s’est fait souffler tous les futurs casinos


Elle m’a humilié.
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher sa réélection.»

Isidore Partouche ne décolère pas contre Martine Aubry depuis qu’en
2006 la mairie de Lille a choisi de confier l’exploitation de
son futur casino à Barrière, le rival de toujours.


Une défaite de plus, après celles de Toulouse et de Mulhouse-Blotzheim.

Explication de ces échecs :
pour obtenir une concession, les casinotiers doivent verser
aux municipalités 15% de leurs recettes et quelques subventions
culturelles.

Or, depuis son adossement au géant de l’hôtellerie
Accor et au fonds Colony, en 2004, Barrière a les
moyens de se montrer bien plus généreux que Partouche.


Gilles Tanguy.
Octobre 2007 Capital 35
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