Vers le modèle anglo-saxon ?

Editorial de Jean-Claude MAILLY




Profits exceptionnels pour les entreprises du CAC 40 en 2007. Les quarante plus grandes entreprises françaises ont ainsi accumulé des bénéfices globaux de 95 milliards d’euros ! Le record est atteint par TOTAL (13 milliards d’euros) suivi par BNP Paribas (7,8 milliards) Arcelor Mittal (7,1 milliards) et France Télécom (6,3 milliards).

Tout en publiant ces chiffres, les mêmes expliquent qu’actuellement leurs marges se réduisent quelque peu et que l’augmentation des dividendes (ce qui est payé aux actionnaires) ne sera vraisemblablement que de + 10% au lieu des + 21% l’année précédente !

Ce qui confirme le vieux diction : « on ne prête qu’aux riches ».

En tout cas les actionnaires sont beaucoup mieux servis que les salariés qui, eux, n’ont pas accès à des augmentions de pouvoir d’achat à deux chiffres.

Cela ne fait que justifier nos revendications en matière d’augmentation du pouvoir d’achat des salaires et retraites. Cela justifie aussi pleinement notre demande d’augmentation de l’impôt sur les bénéfices non réinvestis afin de financer les dépenses liées à la solidarité nationale pour les retraites.

Certes, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. C’est notamment le cas de nombre d’entreprises en situation de sous-traitance qui subissent la pression des donneurs d’ordre et du capitalisme financier.

De fait, la logique à court terme du capitalisme, la priorité à la rentabilité financière confèrent aux multinationales de tous secteurs (industrie – services et finances) un « surpouvoir ».

On retrouve ce décrochage accentué entre PME et multinationales dans les débats qui ont lieu, aujourd’hui, au travers du dossier représentativité, sur les modalités de la négociation collective.

Alors que le modèle républicain impose des négociations au niveau interprofessionnel et des branches, la volonté existe du côté patronal et gouvernemental mais aussi du côté de certains syndicats de favoriser l’entreprise comme lieu privilégié de négociation. Comment ne pas interpréter ainsi également la volonté du Medef de remettre en cause les branches au profit d’une adhésion directe des entreprises au Medef ?

On glisserait alors du modèle républicain vers le modèle anglo-saxon, au détriment de la solidarité et de l’égalité de droit.

On comprend, peut-être, alors mieux pourquoi le patronat a soutenu la fusion ASSEDIC/ANPE, abandonnant ainsi le paritarisme comme 3ème secteur entre le tout état et le tout marché, un troisième secteur garant lui aussi des principes de solidarité et d’égalité de droit.

Toutes ces questions clefs sont au cœur des débats actuels. Au-delà des éléments ponctuels, c’est aussi une question de choix de société.

On retrouve là aussi les propos provocateurs d’un ancien responsable du Medef (Denis Kessler) qui estimait il y a quelques semaines qu’il fallait en finir avec le modèle de 1945.

De tous temps, Force Ouvrière s’est battue pour la liberté, l’indépendance, la solidarité et les valeurs républicaines. Nous entendons bien continuer y compris en mettant nos interlocuteurs face à leurs responsabilités.

Comme le relève, à juste titre, un journaliste (François Charpentier (1) ) : « Mais quel avenir alors pour les conventions collectives nationales et pour les mécanismes de mutualisation qui permettent actuellement aux salariés non couverts par des accords d’entreprise de bénéficier, notamment en matière de protection sociale, d’un minimum de couverture ? Où peut conduire ce désengagement des couvertures collectives d’entreprise au profit d’assurances individuelles ? Que peut donner une approche purement financière et « court termiste » du rôle de l’entreprise dans la société ? Quel contenu demain pour le dialogue social et pour le paritarisme ? Les démêlés du Medef et de l’UIMM invitent à poser en vrac toutes ces questions sans que l’on puisse pour le moment leur apporter une réponse ».

Dans une telle situation, plus que jamais, il nous faut mettre en avant nos revendications et conceptions.






"revalorisation de la valeur du point ARRCO et AGIRC de 1,46% au 1er avril 2008".

l’ARRCO a décider à la quasi unanimité de retenir un taux d’inflation de référence à 1,85 %. Ce qui entraîne mécaniquement une hausse du point annuelle de 1,52% et donc de 1,46% au 1er avril.

La valeur du point ARRCO passera ainsi à 1,1648 euro.

Il en est où le fameux (fumeux ?) modèle dont on nous vantait tant les mérites ?